Depuis septembre 2011, Petra James est chargée de cours en lit­té­ra­ture tchèque et ci­vi­li­sa­tions d’Europe centrale. Née en Ré­pu­blique tchèque, c’est dans son pays qu’elle commence son parcours scolaire. Elle y fait un master en Études tchèques et anglo-saxonnes. Elle décide ensuite de partir étudier en France afin d’apprendre le français et d’ainsi pouvoir élargir son champ d’études à la lit­té­ra­ture française. Elle s’inscrit donc dans un DEA en lit­té­ra­ture comparée. Elle se lance enfin dans une thèse dans le domaine des études slaves et de la lit­té­ra­ture comparée, sur base d’un corpus issu de la lit­té­ra­ture tchèque, française et amé­ri­caine. Petra James a toujours été attirée par les sciences humaines. ” Dans ma famille, du côté de ma mère, presque tout le monde était pro­fes­seur de lycée ou bi­blio­thé­caire. J’ai donc sans cesse été en contact avec les livres “, explique-t-elle.
Après sa thèse, Petra James est engagée comme as­sis­tante au sein du Dé­par­te­ment d’études slaves à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV). Elle y en­sei­gnera la lit­té­ra­ture tchèque et d’Europe centrale ainsi que la langue tchèque. Elle apprend ensuite qu’un poste s’ouvre à l’ULB. ” Je connais­sais déjà l’ULB car je donnais des cours à l’université d’été organisée par le Centre d’Études tchèques. Je connais­sais aussi mon pré­dé­ces­seur pour qui j’éprouve beaucoup de respect, pour ce qu’il a mis en place ici “, déclare Petra James.
Elle enseigne à présent la lit­té­ra­ture tchèque, les ci­vi­li­sa­tions d’Europe centrale et la langue allemande. Elle encadre également des mémorants. Au niveau de la recherche, Petra James s’intéresse à l’histoire des avant-gardes dans la lit­té­ra­ture et les arts plas­tiques, en Ré­pu­blique tchèque, en France et aux Etats-Unis, dans la période suivant la seconde guerre mondiale. Elle travaille également sur la question de la mémoire cultu­relle dans les arts. Enfin, elle a élargi son domaine de re­cherches avec un nouveau projet sur la lit­té­ra­ture en Europe centrale (en Ré­pu­blique tchèque, Allemagne, Slovaquie et Pologne). ” L’idée est de voir comment le récit his­to­rique est construit dans les arts et dans l’historiographie, de voir les points communs et les dif­fé­rences au niveau de la re­pré­sen­ta­tion “, précise-t-elle. Pour ce nouveau travail de recherche, Petra James étudie la lit­té­ra­ture contem­po­raine (après 1989) qui traite de thèmes contro­ver­sés tels que l’expulsion des Allemands, les dé­pla­ce­ments forcés des po­pu­la­tions, l’holocauste… ” Le but est de tracer l’évolution du discours à la fois dans l’histoire et dans les arts au cours du 20ème siècle. Peut-on parler d’un discours objectif ou est-il toujours ins­tru­men­ta­lisé ? Les documents d’historiens ont souvent été traités de manière objective. Or, pendant la période com­mu­niste, on ne peut pas toujours parler d’objectivité dans l’historiographie. Il faut donc adopter une approche critique. Ce qui m’intéresse, c’est d’étudier à la fois des discours his­to­riques et des romans et de les in­ter­pré­ter tous les deux en tant que récits, histoires. On peut ensuite observer les dif­fé­rences et les si­mi­li­tudes au niveau des struc­tures nar­ra­tives par exemple “, poursuit la cher­cheuse.
Cette mé­tho­do­lo­gie in­ter­dis­ci­pli­naire, Petra James l’avait dé­ve­lop­pée dans sa thèse : ” La lit­té­ra­ture et les arts sont dif­fi­ci­le­ment com­pré­hen­sibles sans leur contexte, en par­ti­cu­lier dans le cas d’un pays to­ta­li­taire. L’approche mul­ti­dis­ci­pli­naire s’impose. Sans elle, une partie de la com­plexité des éléments nous échappe “, estime-t-elle. La cher­cheuse a ainsi développé une col­la­bo­ra­tion avec les his­to­riens de l’ULB. ” Dans le cadre d’un séminaire interne, entre collègues, lit­té­raires et his­to­riens, l’idée est de lire ensemble des romans traitant des sujets his­to­riques et de comparer nos dif­fé­rentes approches mé­tho­do­lo­giques”, déclare-t-elle. Par ailleurs, un colloque est prévu en 2013 qui aura pour thème ” Les arts et l’histoire “. Pas­sion­née d’arts, Petra James l’est as­su­ré­ment et elle apprécie visiter des galeries ou des ex­po­si­tions. Elle a ainsi découvert le musée d’Ixelles. ” J’aime bien ces petits lieux qui proposent des ex­po­si­tions ciblées et sym­pa­thiques “, conclut-elle.